Au cœur du 17ᵉ Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA), une exposition émouvante attire les regards et les émotions : « Bande dessinée palestinienne : voix individuelles, cri collectif ». Installée sur l’esplanade de Riadh El Feth, elle rassemble les œuvres de dix bédéistes palestiniens qui, chacun à sa manière, transforment le neuvième art en acte de résistance.
Dans un silence chargé de gravité, les visiteurs découvrent des planches qui racontent la vie sous les bombes, la perte, la survie et la dignité. Ici, les cases sont des témoins. Les lignes noires tracent les contours d’un peuple debout, d’une mémoire qu’aucune occupation ne parvient à effacer. Le dessin devient parole, cri, trace.
Les œuvres exposées évoquent les visages d’enfants terrorisés, les ruines de maisons familiales, les rues éventrées de Gaza. Mais au-delà des images de guerre, elles célèbrent la résilience d’un peuple qui refuse l’effacement. Entre désolation et espoir, ces artistes offrent un récit collectif nourri d’humanité, de douleur et de fierté.
Les noms de Leila Abdelrazaq, Iasmin Omar Ata, Sara Shehadeh, Hassan Manasrah, Hamza Abu Ayyash, Khaled Jarrada, Shahd Alshamali, Dania Omari, Samir Harb et Mohammad Sabaaneh résonnent comme ceux d’une génération qui raconte la Palestine autrement. Leurs planches, nées dans des conditions souvent extrêmes, documentent l’indicible : l’occupation, l’exil, la perte de repères. Mais aussi la vie, l’humour, la tendresse et la solidarité.
Dans cette exposition, la bande dessinée devient mémoire vivante. Elle raconte une histoire que l’on tente d’effacer, mais que chaque trait ravive. Les personnages dessinés semblent parler pour tout un peuple, rappelant que la culture, même assiégée, demeure une arme de résistance.
Les visiteurs s’attardent longuement devant ces planches, souvent en silence. Certains prennent des photos, d’autres essuient discrètement une larme. Le FIBDA, cette année, ne célèbre pas seulement le neuvième art, il lui rend toute sa puissance politique et humaine.