Actualité

conference invasion AI en FIBDA

CONFÉRENCE INTITULÉE « INVASION DE LA BD PAR L’IA »

Défis éthiques pour les créateurs

« Invasion de la BD par l’IA » est le thème d’une table ronde organisée, jeudi 2 octobre 2025, dans le cadre du Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA), réunissant les auteurs de bande dessinée Paulina Marquez, Monthe Youmbi et Patrick Marleau. La rencontre a permis d’explorer les impacts de l’intelligence artificielle sur la création artistique, ses implications éthiques et juridiques, ainsi que les enjeux pour les auteurs contemporains.

Monthe Youmbi, dessinateur camerounais, est revenu sur son parcours en soulignant son lien avec les transitions technologiques dans le domaine de la bande dessinée. « J’ai commencé comme dessinateur de presse et par curiosité, parce que je suis autodidacte, j’ai fréquenté toutes les plateformes auxquelles je pouvais avoir accès, et j’ai demandé des conseils. C’est ainsi que j’ai été invité à participer à des projets », a-t-il expliqué. Il a insisté sur l’impact de l’IA sur son métier : « L’IA, on est encore en phase d’accueil, chacun s’amuse, mais on n’a pas encore une prise de conscience sur l’éthique et l’œuvre. Nous, les artistes, on se pose tout de même des questions. »

Paulina Marquez, autrice mexicaine, a raconté son parcours et ses convictions face à l’IA. « Je lis les comics depuis mon jeune âge, avec des BD très connues comme Mafalda. Je n’utilise pas l’IA, je trouve que c’est rabaissant d’utiliser un travail qui est volé, et il y a assez de richesses pour créer sans voler l’art des autres artistes », a-t-elle affirmé. Elle a expliqué que l’IA devrait être régulée légalement et non par des individus : « Dans le cadre légal et des lois, c’est ça qui va protéger l’artiste et son œuvre. » Marquez a également souligné que la scène de la BD indépendante au Mexique reste très solidaire, avec des règles strictes en matière de droits d’auteur.

Pour sa part, Patrick Marleau, auteur canadien et ancien libraire spécialisé, a abordé les défis éthiques et juridiques posés par l’IA. « Quand on crée une œuvre à l’aide de l’intelligence artificielle, il n’y a pas de copyright possible, parce que c’est un ramassis de plein d’idées qui sont reprogrammées. Si vous publiez une BD ou une illustration et que quelqu’un d’autre sort une œuvre similaire, il n’y a pas moyen de protéger votre création », a-t-il précisé. Selon lui, « c’est très complexe comme question éthique et légale, mais on voit les Américains commencer à réagir avec des poursuites contre certaines entreprises. Il faut faire la différence entre créer une BD pour le plaisir et la monétisation. »

Cette table ronde a mis en lumière la tension entre innovation technologique et respect des droits de création, soulignant l’urgence d’un encadrement juridique et éthique pour préserver l’intégrité des œuvres et soutenir la créativité des artistes dans un monde où l’intelligence artificielle devient un acteur incontournable de la production artistique.